Aléas climatiques S’adapter aux sécheresses à répétition
À l’issue de trois ans consécutifs de sécheresse, les éleveurs charolais s’interrogent sur leur avenir. Témoignage de Pascal et Stéphanie Lorton.
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À Saint-Bonnet-de-Joux, en Saône-et-Loire, Pascal Lorton nourrit au pré ses 100 vaches charolaises depuis le 10 juillet 2020. « C’est trois heures et demie de travail supplémentaire par jour », précise Stéphanie, sa conjointe. Le tout pour des résultats mitigés : des animaux rationnés qui maigrissent et seront moins féconds, des croissances moindres et des carcasses plus légères.
Compenser la baisse de revenu
Depuis deux ans, pour compenser la baisse de revenu de l’atelier bovins, le couple a diversifié son activité avec deux poulaillers Label rouge en intégration (4 400 poulets par bâtiment). « Contrairement à l’atelier allaitant, cette activité avicole nous laisse un revenu. Mais elle nous empêchera peut-être de prétendre aux aides du fonds national de calamités cette année… »
Les indemnités perçues au titre des deux précédentes sécheresses, 9 130 € en 2018 et 12 200 € en 2019, n’ont pas couvert les surcoûts, chiffrés respectivement à 42 600 € et 81 900 €. À ce rythme, et dans une conjoncture de marchés tendue, notamment avec la chute du cours des broutards, comment se projeter dans l’avenir ?
Le questionnement est d’autant plus grand que les investissements de modernisation des bâtiments (une stabulation de 84 places et un hangar de stockage) pèsent lourd. Sur les sols granitiques de l’exploitation, la pluie qui tombe depuis fin septembre a reverdi les prairies. Mais elle ne suffit pas à faire repousser une flore profondément dégradée par trois années sèches et chaudes.
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Moins de trésorerie
« Nous allons encore devoir affourager quelques semaines en tapant dans les stocks de l’hiver, annonce Pascal Lorton. En rationnant le foin et en donnant de la paille, nous arriverons à tenir jusqu’à fin février. Au-delà, il n’est plus question d’acheter du fourrage. La trésorerie ne le permet pas. La facture pour 2020 s’élève déjà à 63 650 €. Nous vendrons des animaux et nous céderons une quinzaine d’hectares de prés sur lesquels il ne pousse plus rien mais qui coûtent à entretenir. »
Comme d’autres éleveurs charolais, Pascal et Stéphanie Lorton envisagent aussi de réduire le nombre de vêlages, bien que leur chargement soit déjà bas (1 UGB/ha). Cela aura un impact négatif sur le chiffre d’affaires du couple, mais « travailler pour rien et se mettre la pression n’a plus de sens ».
Anne Bréhier
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